Aménagement du territoire, infrastructures et urbanisme
Faire de l’aménagement du territoire le gage de la stabilité politique, le moteur de la croissance économique et la source de fierté et d’égalité entre tous les citoyens
Pendant trop longtemps, les écarts d’aménagement entre les zones urbaines et les zones rurales en général, l’absence d’aménagements et d’équipements appropriés dans les régions frontalières en particulier, conjugués à l’absence d’une politique foncière claire et précise ont fini par créer un sentiment de marginalisation chez une frange importante de la population et freiné considérablement l’activité économique au Cameroun.
D’une part, les politiques publiques menées jusqu’ici ont conduit à une faible intégration de certaines régions au sein de la nation. Cela se traduit notamment par une faible participation à la vie nationale, un sentiment d’être exploité par les autres, une sous-représentation parmi les élites du pays. Il en a résulté une forte montée des clivages ethno-régionaux et des sentiments de frustration qui n’ont fait que s’exacerber au fil du temps, alimentés par une démission de l’Etat de ses responsabilités pendant la longue crise économique qu’a traversée le pays, mais aussi par des réponses inadaptées
lorsque l’administration a essayé de s’attaquer au problème.
D’autre part, chacun peut mesurer le contraste de plus en plus frappant entre les zones urbaines et les zones rurales, mais aussi l’écart de plus en plus important entre les populations des campagnes délaissées et les élites urbaines plus ou moins connectées à la mondialisation.
Enfin, les opérateurs économiques n’osent plus investir ni dans l’agriculture, ni dans l’industrie car l’accès à la propriété foncière est incertain et risqué : on relève encore trop souvent un très grand nombre de conflits fonciers devant les tribunaux, liés à la superposition ou à la délivrance de plusieurs titres fonciers sur une même parcelle ou sur des parcelles qui se chevauchent.
Nous considérons qu’un statut foncier approprié tenant compte des réalités culturelles de nos terroirs mais garantissant à l’Etat la ressource foncière nécessaire pour la réalisation des projets collectifs et offrant la sécurité nécessaire sur le marché des transactions foncières est une condition préalable au développement et à la modernisation de notre pays.
Etablir une véritable politique d’aménagement du territoire
- Nous définirons une véritable politique d’aménagement du territoire à l’échelon national en conciliant compétitivité économique et création d’emplois.
- Nous valoriserons les potentiels locaux et tirerons parti des potentialités régionales tout en mettant un terme à la concurrence néfaste entre Douala, Kribi et Limbe en ce qui concerne les activités portuaires.
- Nous mènerons une politique d’aménagement rural axée sur la structuration de l’espace rural et sur l’Empowerment des populations rurales.
Régler la question de gestion de l’espace
- Nous organiserons un grand débat national sur l’aménagement du territoire devant aboutir à une Charte Nationale de l’Aménagement du Territoire.
- Nous organiserons les Assises nationales du foncier avec une pleine implication des autorités traditionnelles afin de redéfinir les meilleurs modalités d’accès à la terre dans le respect des intérêts des communautés coutumières, tant pour les infrastructures et autres ouvrages publics que pour le développement de l’agriculture.
- Nous élaborerons un Schéma national d’Aménagement du Territoire (SNAT) qui sera par la suite décliné en schémas directeurs régionaux (ou des entités fédérées) d’aménagement.
- Nous définirons un plan d’affectation des sols qui précisera les zones agricoles, les zones industrielles, les réserves naturelles, les couloirs réservés aux infrastructures de transport (chemins de fer, routes et autoroutes), et les zones d’habitation.
- Nous déclinerons, enfin, toutes les dispositions convenues dans une loi sur le régime foncier.
Coordonner l’élaboration des plans de développement des Régions (ou entités fédérées)
- Nous veillerons à ce que chaque Région (ou entité fédérée) soit dotée d’un Plan de développement régional (ou de l’entité fédérée) élaboré le cas échéant avec l’assistance des services techniques compétents de l’Etat.
- L’Etat assurera la coordination des plans régionaux (ou des entités fédérées) afin de préserver la cohérence des perspectives de développement global du pays.
Procéder à un cadastre numérique de toutes les parcelles pour la sécurisation de la propriété
- Nous réaliserons un cadastre informatisé et hautement sécurisé, l’immatriculation de tous les terrains des particuliers en milieux urbain et rural ainsi que toutes les parcelles incorporées au domaine privé de l’Etat ou relevant des collectivités territoriales (ou des entités fédérées).
- Nous réviserons la politique foncière en vue de réduire la spéculation foncière. Dans cette perspective, nous mettrons en place une politique de concession de l’aménagement foncier urbain à des opérateurs privés pour une production des terrains équipés. La commercialisation de ces terrains s’effectuera dès lors sous leur contrôle.
- Nous renforcerons les missions de la MAETUR dans la constitution et la gestion des réserves foncières nécessaires au développement des villes et des communes.
- Nous baisserons l’impôt foncier sur les terrains bâtis et non bâtis et cet impôt sera mieux recouvré.
Mener une politique urbaine imaginative et ambitieuse
- Nous considérons la croissance urbaine comme une donnée objective et porteuse de potentialités pour une accélération du développement de notre pays.
- Notre politique urbaine aura pour pilier central l’orientation de la croissance urbaine vers les villes secondaires, de manière à juguler la croissance urbaine de Douala et de Yaoundé.
- Nous donnerons aux villes secondaires les moyens d’absorber l’importante croissance urbaine à laquelle le pays fait face. Il s’agira de créer et maintenir dans les villes secondaires des conditions de vie plus harmonieuses, mais aussi des incitations économiques permettant la création de richesses et d’emplois.
Assigner une fonction particulière aux entités urbaines
- Nous créerons une grande VILLE NOUVELLE, VILLE DU FUTUR dans le centre du pays à la limite sud de l’Adamaoua et le nord du Mbam-et-Kim, dans une zone très peu peuplée. Cette ville nouvelle, lieu de l’innovation par excellence, sera une ville du futur, le lieu où le Cameroun fera découvrir les talents et notre projection vers l’avenir technologique. Elle sera située sur l’axe du chemin de fer reliant le Sud au Nord du pays, et sera reliée aux autres grandes métropoles du pays comme Douala ou Yaoundé par des autoroutes.
- Reconvertir Douala et reporter l’essentiel de l’activité portuaire vers Kribi. Le port de Douala sera transformé en un port de plaisance et un petit port de cabotage. Nous ferons surtout de Douala la capitale financière et d’affaires, le Manhattan de l’Afrique Centrale. Le plateau Joss deviendra l’épicentre de cette capitale financière qui devra drainer les capitaux, notamment boursiers, pour la reconstruction du Cameroun.
- L’aéroport de Douala sera maintenu comme aéroport dans sa capacité actuelle, aménagé mais qui ne s’agrandira plus.
- Les industries de Douala seront progressivement déplacées vers Edéa faisant place à des entrepôts qui pourront être reconvertis en centres logistiques ou en centres d’incubation pour les entreprises de la nouvelle économie financière, numérique et biotechnologique qui se développera à Douala. Edéa deviendra donc la principale plateforme industrielle du sud camerounais vers laquelle seront transférées les industries de Douala.
- Yaoundé gardera son statut de capitale politique et deviendra véritablement la capitale culturelle. À ce titre, y seront construits une grande bibliothèque du monde noir et de la diaspora africaine, un opéra de classe internationale et une académie nationale des arts et de la culture.
- Une deuxième plateforme industrielle sera construite entre la VILLE DU FUTUR et Ngaoundéré qui deviendra la principale plateforme industrielle dans le septentrion camerounais. Ngaoundéré sera, par conséquent, ce carrefour à partir duquel les produits camerounais iront vers le Nord et le Tchad, vers l’Est et vers la République Centrafricaine, vers l’Ouest au Nigeria.
- Une troisième plateforme industrielle sera développée dans le bassin agricole situé entre Foumbot, Bafoussam et Bamenda.
- Les capitales régionales deviendront des métropoles d’équilibre. Nous transformerons ces villes en de vérita bles points d’application de la politique de décentralisation de l’administration, mais aussi de secteurs comme l’universi té ou l’industrie et les services.
- À côté des trois métropoles nationales et des métropoles d’équilibre, les villes de taille moyenne auront un rôle essentiel dans l’absorption de la croissance urbaine, mais surtout d’interface avec le monde rural.
- Nous mettrons en place un Programme spécial d’aménagement des villes frontalières (PSAVF) (telles que Kousseri, Eyumedjock, Kié-Osi, Amchidé, Garoua Boulaï etc.) et nous les connecterons aux capitales régionales. Dans le cadre de notre politique de coopération avec les pays voisins, nous participerons à la construction de voies transnationales pour favoriser la dynamique d’ouverture vers l’extérieur
Collecter et traiter les eaux usées et les déchets ménagers
Assainir nos villes par un meilleur traitement des déchets en remplaçant la politique actuelle de ramassage sans traitement par une logique d’économie circulaire à savoir :
– Les communes doivent former les ménages camerounais au tri sélectif des ordures avant de les jeter. Cela permettra de séparer les articles biodégradables, des produits non
-biodégradables (verre, plastique, aluminium, acier, papier).
– Mettre en place dans nos communes des petites unités de tris des produits non-biodégradables et leur classement selon leurs destinations aux unités de recyclages.
– Les déchets biodégradables pourront être traités dans une unité de compostage (comme celle de la ville de Dschang) pour produire les engrais biologiques, les biogaz et l’électricité.
- Le financement pourra être assuré par la récupération des quelques 30 milliards payés par an pour le ramassage des ordures urbaines.
- Nous mettrons en place dans les principales villes un réseau d’égouttage pour la collecte de toutes les eaux usées. Celles-ci seront traitées dans des bassins d’épuration avant leur rejet dans les cours d’eau. Pour cela, nous doterons chaque grande ville de stations d’épuration modernes dont les boues résultant du traitement des eaux seront valorisées soit comme composte pour les agriculteurs, soit comme combustibles pour les ménages et les entreprises.
- Dans les campagnes, l’utilisation de mini-stations d’épuration des eaux sera obligatoire là où l’habitat dispersé ne permet pas la collecte des eaux via un réseau d’égouttage.
- Les communes ayant une densité de population suffisantes devront mettre en place un réseau d’égouttage et de petites stations d’épuration pour la collecte et le traitement des eaux usées.
- Nous introduirons le principe du pollueur-payeur pour la propreté et la collecte des déchets dans nos villes. Tous les produits de consommation courante livrés dans des emballages non-dégradables seront soumis à une taxe de recyclage. Une partie de cette taxe sera reversée au consommateur si celui-ci rapporte l’emballage non-dégradable dans un point de collecte approprié
- Les déchets industriels solides feront l’objet d’une réglementation renforcée basée sur l’obligation des acteurs industriels et acteurs hospitaliers pour une collecte et un traitement spécialisé (tri, recyclage en vue de la valorisation matière, ou incinération en vue d’une valorisation énergétique).
- La collecte et le traitement des déchets industriels liquides feront l’objet d’un contrôle renforcé afin de prévenir que des substances nuisibles à la santé humaine, à la faune et à la flore ne soient répandues dans l’environnement.
